Le gouvernement a annoncé ce vendredi 5 juillet 2024 le reclassement de 865 communes dans le zonage ABC. Cette action permettra de donner accès à la propriété à près de 3 millions ainsi qu’une revalorisation des logements anciennement B2 et C. L’application de cette mesure est effective dès ce mois de juillet 2024. Explications !

Révision du zonage ABC dans la stratégie du gouvernement pour l’immobilier

Pour rappel, le zonage ABC est définit dans l’article D304-1 du code de la construction et de l’habitation comme le « classement des communes du territoire national en zones géographiques en fonction du déséquilibre entre l’offre et de la demande de logements. ». Créé en 2003 dans le cadre du dispositif « Robien », il classe les communes par ordre décroissant de tension immobilière : Abis, A (qui comprend la zone Abis), B1, B2 et C.

Voici la classification des communes par zone selon le décret du 5 juillet 2024 :

ZoneCommunes
Zone AbisParis et 97 autres communes d'Île-de-France
ainsi que 26 communes en Province situées dans l'Ain, les Alpes-Maritimes,
les Bouches-du-Rhône, l'Oise, la Haute-Savoie et le Var
Zone AAgglomération de Paris (dont la zone Abis), la Côte d’Azur, la partie française de l’agglomération genevoise
certaines agglomérations ou communes (ex : Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Rennes)
et 10 communes des départements d’outre-mer où les loyers et les prix des logements sont très élevés
Zone B1Comprend certaines grandes agglomérations et certaines communes où les loyers et le prix des logements sont élevés
une partie de la grande couronne parisienne non située en zone Abis ou A, des villes tendues de Province
et les communes des départements d’outre-mer non classées en zone A
Zone B2Villes-centre de certaines grandes agglomérations, grande couronne autour de Paris non située en zones Abis, A et B1
certaines communes où les loyers et les prix des logements sont assez élevés,communes de Corse non situées en zones A ou B1
Zone CReste du territoire

Parmi les 865 communes reclassées, 688 passent en zone tendue, à minima A ou B1 ! Le reclassement des communes a été effectué en tenant compte de plusieurs critères, dont :

  • La demande en logements : le nombre de demandes de logement locatif social par rapport au nombre de logements disponibles
  • Les prix du foncier : l’évolution des prix du terrain ces dernières années
  • La situation du marché immobilier local : le taux de rotation des logements, la présence de logements vacants, etc.

Voici le détail du nombre de communes reclassées par zone :

  • 675 en zone B1
  • 142 en zone A
  • 48 en zone Abis

Conséquences du nouveau zonage sur l'investissement locatif

Le nouveau zonage ABC a pour conséquence principale de moduler l’accès à certains dispositifs d’aide au logement et d’encadrement des loyers.

Hausse de la rentabilité pour les propriétaires

Les plafonds de loyers applicables aux logements locatifs privés sont plus élevés dans les zones tendues. Cela permet aux bailleurs de logements issus de zones réévaluées de fixer des loyers plus importants.

Prenons l’exemple des villes de Rennes et Nantes qui passent désormais en zone A, qui définit les zones très tendues.

Un propriétaire d’un logement de 41m² dans l’une de ces deux villes sous le régime de la loi Pinel verra le plafond de loyer passer de 11.31 €/m2 à 14.03 €/m2.

Pour un logement d’une surface de 41m2, le loyer passera donc de 540 € à 670 € soit une augmentation de près de 24%.

Plafond de loyer avant la réforme :

  • surface utile x coefficient Pinel : (19/Surface utile) + 0,7x barème Pinel de la zone B1
  • 41 x ((19/41)+0.7)x11.31
  • 540 €

Plafond de loyer après la réforme :

  • surface utile x coefficient Pinel : (19/Surface utile) + 0,7x barème Pinel de la zone A
  • 41 x ((19/41)+0.7)x14.03
  • 670 €
 

Un impact positif sur l'offre de logements ?

Le nouveau zonage ABC devrait avoir un impact positif sur l’offre de logements, en particulier dans les zones tendues. En effet, les aides financières accrues pour la construction de logements sociaux et intermédiaires devraient inciter les communes et les bailleurs à investir dans ce type de logements.

Toutefois, cette révision du zonage pourrait renforcer les tensions accrues sur le marché locatif dans certaines zones, notamment dans celles nouvellement classées en zone A. En effet, l’augmentation de la demande de logements dans ces zones pourrait ne pas être immédiatement suivie d’une augmentation de l’offre, ce qui pourrait inciter à une hausse des prix et à une difficulté accrue pour les locataires à trouver un logement.